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Stella Matutina

Histoire de l’église Stella matutina
Dans les années 1950, l’urbanisme du plateau de Montretout se développe et les habitants qui arrivent plus nombreux regrettent l’éloignement de l’église paroissiale Saint-Clodoald. Une communauté commence à se rassembler le dimanche dans les locaux de l’école Saint-Joseph.
Le chanoine Henri Collin, curé de Saint-Cloud et monseigneur Alexandre Renard, évêque de Versailles (dont faisait alors partie la Paroisse) décident de construire une église dans le quartier.
Foyer d’accueil
Claire et Guillaume d’Hautefeuille (LME)
En 1958, le Conseil municipal concède à l’Association Diocésaine un bail de 99 ans pour réaliser ce projet : le terrain, situé à 130 mètres d’altitude, mesure 1300 m2. C’était alors une sorte de grand verger dans lequel les élèves de l’école Saint-Joseph venaient faire de la gymnastique.
En 1959 ont lieu les premiers travaux d’architectes et en 1960 est créée l’Association Des Amis de l’Église de Montretout (ADADEM) qui a pour objectif l’aboutissement de la décision prise. Elle fut présidée par M. Jacques Suet qui sût s’entourer de nombreuses compétences.
Le père Pierre Aubry, vicaire à Saint-Cloud de 1965 à 1968 accompagna les travaux de la nouvelle association. Son travail accompli, l’ADADEM se dissoudra naturellement en 1974.
En 1960 aussi, après un concours bénévole, est retenu le projet présenté par les architectes Alain Bourbonnais et Thierry Bouts. Le 17 mai 1960 une croix de bois noir est implantée devant un millier de personnes, à l’emplacement de la future église. En 1961, le permis de construire est déposé, les entreprises sont choisies.
Le 1er juin 1962, la première pierre est posée : on peut toujours la voir dans l’une des salles de la crypte. Pour Noël 1963 une messe est célébrée dans la crypte. Dès ce moment y sont célébrées des messes dominicales, y sont organisées le catéchisme, les réunions diverses, etc.
Enfin, le 3 avril 1965, l’église Stella Matutina est bénite par l’évêque de Versailles. Le premier baptême y est célébré le 26 mars 1967, le premier mariage le 8 avril de la même année.
Une étoile dans la ville
Stella Matutina, l’Étoile du Matin.
Ce nom latin a été donné à la plus récente des églises de Saint-Cloud : elle fut achevée en 1965.
C’est l’un des quatre lieux de culte de la Paroisse : tout au long de l’année il reçoit la communauté chrétienne et tous ceux et celles qui désirent venir prier, se recueillir. Ce vaste édifice peut contenir plus de mille personnes. Il se distingue par sa silhouette en forme d’étoile ou de tente et par sa vaste toiture de cuivre. Sous la partie visible est creusée ce qu’il est convenu d’appeler la « crypte ». En fait, c’est un ensemble de salles et d’équipements qui permettent toutes sortes de réunions et de manifestations. Outre le service paroissial, l’église et la crypte est utilisé par d’autres communautés ou associations. Au milieu du quartier bâti à la fois d’immeubles et de pavillons, aéré de nombreux parcs et jardins, l’église se présente comme un signe et une invitation : c’était le désir des habitants qui l’ont réclamée dès la fin des années 1950.
Un signe, parce qu’au sommet de la façade se dressent la croix et le coq qui indiquent l’identité du bâtiment : la croix rappelle l’amour du Christ qui donne sa vie pour que le monde soit sauvé ; le coq (à ne pas confondre avec le coq gaulois !) qui, depuis les premiers siècles de l’Église, symbolise le Ressuscité qui, depuis la première lueur du jour nouveau, nous tient en éveil. Une invitation, parce que la maison de Dieu devient aussi la maison des hommes de bonne volonté qui consentent à en franchir le seuil. À l’intérieur ils peuvent se laisser inonder par la lumière diffusée à travers les couleurs des vitraux. Jésus dit à ses disciples : « Je suis la lumière du monde. » (Jn 8, 12) et il leur propose : « Croyez en la lumière : vous serez alors des hommes de lumière. » (Jn 12, 36). C’est le vœu que nous formons pour chaque visiteur.
Architecture
Le bâtiment se présente comme un polyèdre de bois recouvert de cuivre et posé sur neuf dés de béton enfoncés de sept mètres dans le sol. La couverture est constituée par une imbrication de triangles qui donne l’image d’une étoile à cinq branches.
Voici la présentation qu’en fit l’architecte : « Un parvis surélevé, conduit graduellement, depuis la rue, le fidèle vers le recueillement du sanctuaire. Un volume unique dont la plénitude se modèle selon trois dimensions : invitation et accueil de l’homme de la rue en un geste généreux parti du cœur même de l’enceinte : l’auvent ; rassemblement de la communauté paroissiale autour de son foyer cultuel qu’est l’autel, sous un manteau protecteur : l’abri ; jaillissement d’un mouvement du toit en un signal tendu vers le ciel : la flèche. » Sous l’église, une crypte offre des salles de réunions.
Elle a suscité ce commentaire : « Stella Matutina… Étoile du matin… l’église prend la forme d’une étoile radieuse dont chacune des branches fait jaillir la force à partir d’une clé de voûte sur laquelle elles prennent leur élan. » (Franck Debié et Pierre Vérot, Urbanisme et art sacré : une aventure du 20ème siècle, Critérion, Paris, 1991, 411 pages).
Elle est l’œuvre des architectes Alain Bourbonnais et Thierry Bouts. Alain Bourbonnais (1925-1988) a, en particulier réalisé des théâtres et la station de RER « Nation ». Pour expliquer le plan « en rond » de l’intérieur, il a écrit : « Le but de la religion est l’amélioration de l’entente entre les hommes. » (cité par Suzanne Robin, Églises modernes, évolution des édifices religieux depuis 1955, Hermann, Paris, 1980, p. 121).
Ce plan est d’ailleurs totalement inédit pour une église et on peut s’interroger sur cette définition du christianisme… Il est caractéristique qu’aucun autel n’ait été prévu au moment de l’élaboration de l’édifice dont il aurait pourtant dû être le centre.
Cette construction est typique de son époque : « Après les années 1960, la grandeur austère des édifices du 19ème siècle n’est plus de mise, mais l’emphase est toujours au programme. Les constructions en charpente laméllée-collée, ainsi que les voiles minces sont à la mode. Églises, piscines, gymnases et salles des fêtes rivalisent de lyrisme formel. Morceau d’anthologie, la Stella Matutina de Saint-Cloud a l’allure d’une gigantesque cocotte en papier (le modèle est emprunté à une célèbre synagogue de Franck Lloyd Wright). (François Loyer, préface de : Antoine Le Bas, Des sanctuaires hors les murs – églises de la proche banlieue parisienne – 1801-1965, collection « Cahiers du patrimoine » n° 61, Monum, éditions du Patrimoine, Paris, 2002, p. 24).
Dans ce livre Antoine Le Bas écrit : « Stella Matutina offre l’originalité et le symbolisme d’une étoile à cinq branches favorable au dialogue des fidèles entre eux, de part et d’autre de l’autel. (…) La charpente en bois lamellé-collé forme un assemblage de poutres dressées convergeant au centre d’un volume hérissé de pointes dont les pans laissent parfois place à des verrières zénithales. (…) Les pans multiples de Stella Matutina mêlant verres blancs et colorés constituent une sorte de piège à lumière dont le chatoiement baigne l’autel et cerne l’assemblée. (…) Le peintre verrier Blanchet place également du vitrail géométrique dans la charpente polygonale de Stella Matutina, d’où sa polychromie rayonnante comme autant de facettes d’une lanterne magique. » (op. cit. pp. 192, 197, 203, 205).
La charpente
Le bâtiment s’élève à 30 mètres au-dessus du sol. Sa charpente « lamellée-collée » attire irrésistiblement le regard. Pour la réaliser, les architectes firent appel au maître-charpentier Raoul Vergez, Compagnon du Tour de France (où son nom est « Béarnais »). Avec trois compagnons-charpentiers (Bourguignon la Persévérance, Tou-rangeau Cœur Joyeux et Poitevin Cœur Royal) il l’édifia en quatre mois. Les poutres, en sapin de Norvège, sont parfois longues de 33 mètres. La toiture est faite de grandes plaques de cuivre soudées.
Raoul Vergez a écrit : « Stella Matutina, sur le plateau de Saint-Cloud, avec sa nef polygonale, son cul-de-lampe circulaire au sommet des arêtiers, juchée sur neuf culées de maçonnerie, étoilée sur son pourtour de chapelles aigües telles des flammes, sa crosse d’auvent qui défie la pesanteur, et la petite croix pattée que Jean, l’un des compagnons, y a disposée dans le coin le plus secret, à l’insu de tous, afin que ceux qui savent lire le message des confréries y trou-vent le compte de la tradition. Dans vingt ans, lorsque le cuivre qui la recouvre aura pris la teinte vert-de-gris, Stella Matutina fera lever la tête aux hommes. » (Les enclumes de cristal, Julliard, Paris, 1967).
Les vitraux
L’église Stella Matutina est dotée d’une impressionnante surface de vitraux (423 m2). Ils sont l’œuvre de Léon (dit Claude) Blanchet dont l’atelier se trouve à Boulogne : on lui doit la maquette et les cartons qu’il conçut avec Lesage. Les verriers d’Ile-de-France réalisèrent l’ensemble.
« La forme triangulaire des ouvertures constitue pour la décennie 1960 un cas isolé dans les Hauts-de-Seine. Claude Blanchet y réalise des verrières abstraites en verre et plomb dont les reflets colorés jouent sur les parois lamellées de la charpente. Contrastant avec le bleu et le jaune de la verrière de la façade, le rouge des baies orientales et de celles situées dans les ailes du toit environne l’autel d’une chaude intensité lumineuse. Mettre l’autel en valeur par la lumière est un moyen d’insister sur sa présence, indispensable à la célébration de la messe, et de capter l’attention du fidèle.” (Laurence de Finance, « Un patrimoine de lumière, 1830-2000, Verrières des Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne », Cahiers du patrimoine n° 67, Momum, éditions du patrimoine, Paris, 2003, p. 232).
Éléments du mobilier
• L’orgue
L’instrument est dû au facteur Erwin Müller (1962) ; il fut complété par le facteur Adrien Maciet. Il est à deux claviers, comporte 56 notes en fenêtres et un pédalier de 32 notes. Il fut offert à la Paroisse par la famille Isambert : une plaque le rappelle.
• La Vierge à l’enfant
Bois peint du 18ème siècle. Elle fut offerte par l’Action Catholique.
• Le Christ du chœur
En bois, de la fin du 15ème siècle. Don de monsieur Louis Becquart. Il est à noter qu’un Christ de 3m50, œuvre de Pierre Merlier, avait été réalisé pour l’église. Il fut refusé par le Curé