ÉMERVEILLONS-NOUS !
Depuis quelques semaines, les églises ou nos maisons reçoivent en leur sein les habituelles crèches de l’Avent. Si certains y voient parfois un sentimentalisme exacerbé, il s’agit pour nous de ne pas oublier la grande valeur de cette pratique. On pourrait déjà rappeler que c’est l’un des plus grands saints de notre histoire qui l’a créée, à partir de la pratique des mystères au Moyen-Âge. Cependant, quand saint François d’Assise imagine la crèche, ce n’est évidemment pas pour faire de la sensiblerie bon marché.
En réalité, la crèche nous invite à une réflexion bien plus profonde. Ce qui marque les crèches que nous allons contempler, c’est souvent l’extrême diversité des personnages qui les composent. A côté de la Vierge, de Joseph, des bergers et de tous les personnages habituels dont parle l’écriture, voici que viennent s’ajouter tous les autres. Les marchands, les animaux de toutes sortes, toutes les professions, ou même les brigands, braconniers et autre gens peu recommandables sont présents pour adorer le Sauveur. Tous les hommes viennent pour voir l’Emmanuel car ils sont tous appelés à joindre leurs voix à celle des anges pour chanter « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » (Lc 1,14). Voilà peut-être la première leçon à retenir : face au Christ qui vient nous sauver au cœur de notre humanité, c’est cette dernière dans toute sa réalité qu’il faut Lui présenter le soir de Noël, et ce sans détour ni fard, comme les santons à la crèche. Nous sommes faits pour aller à Dieu, pour lui apporter notre humanité, même blessée ou peu recommandable, pour adorer avec les anges l’Emmanuel, Dieu avec nous.
Parmi les santons souvent présents dans une crèche provençale, il y en a un qui se démarque souvent. Le ravi de la crèche, avec ses bras levés et son sourire, dénote dans le cortège des santons aux couleurs bigarrées. Son optimisme étonne, et ce à tel point qu’être le ravi de la crèche est presque devenu une injure pour nous. Pourtant, cette attitude n’est peut-être pas si stupide que cela. En effet, la capacité à s’émerveiller devant ce que Dieu fait pour nous, ou même l’optimisme, constituent justement une attitude chrétienne authentique.
Désormais, les fêtes de Noël auxquelles nous nous préparons nous invitent à tourner notre regard vers la venue du Christ et à nous en émerveiller. S’éclaire d’un coup la parole de la première lettre aux corinthiens où « ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est ». Le ravi de la crèche a bien raison de s’émerveiller, car Dieu, dans l’incarnation, a fait toutes choses nouvelles, révélant à tous la grandeur de son amour qui va jusqu’à l’abaissement le plus complet dans la mangeoire.
Désormais, aucun pessimisme n’est permis car le chrétien sait que le salut est là, tout proche. Bref, nous sommes appelés à l’Espérance chrétienne car le Christ est venu pour nous sauver et il « reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts ». Viens seigneur Jésus !
Père Paul Marion
